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De l’avis de tous, Gérard Tironneau était le leader des fondateurs du réseau Monsieur Store, créé en 1986 avec Robert Jeanson et Georges Debiez. Leader charismatique de la profession, Gérard Tironneau s’est éteint ce mardi 23 mars à l’âge de 83 ans à la Tour du Pin. Il laisse à ceux qui l’ont côtoyé, le souvenir impérissable d’un visionnaire au grand coeur, infatigable et bon vivant.

« Nous nous sommes connus en 1990 à un congrès de Somfy à Nice lors duquel il m’a exposé sa vision de Monsieur Store. Une vision très nouvelle pour l’époque, très différente de ce qui existait alors. Nous étions tous des travailleurs indépendants, artisans ou à la tête de petites entreprises et nous dépendions tous des fournisseurs, que ce soit Somfy ou Franciaflex. Il fédérait toutes ces entreprises indépendantes et il a eu avant tout le monde une vision à long terme pour notre profession. C’était le début des grandes surfaces qui commençaient à vendre des stores et il a su avec Monsieur Debiez et Monsieur Jeanson, créer une enseigne pour que nous puissions avancer, ne pas rester seuls de notre côté. Nous avons créé un groupement d’achat, mutualisé la communication, les études de bilans… toutes ces idées venaient de lui. Georges Debiez a longtemps été son bras droit. Gérard Tironneau était vraiment un leader, un grand Monsieur, très connu et très respecté dans le store notamment des fournisseurs. Il a su faire progresser formidablement notre profession et avait aussi de grandes qualités de cœur, il savait fédérer. Je suis très peiné de son départ » nous confie Édouard Tomatis, ancien administrateur du réseau, qui a côtoyé pendant près de 40 ans, les 3 fondateurs de Monsieur Store, Gérard Tironneau, Georges Debiez et Robert Jeanson.

Les débuts de la saga Monsieur Store

« En 1975, devenu Directeur Général de Franciaflex, Gérard Tironneau recrute un ancien tisseur de soie, notre regretté Georges Debiez, auto-proclamé « Storologue », d’abord directeur commercial Rhône-Alpes puis formateur de tous les commerciaux Franciaflex. Puis c’est le tour de Bernard Franco qui deviendra Directeur Régional, puis dirigera plus tard la société Matest à Menton. Trois locomotives, chacun dans son domaine. C’est à cette époque que je rejoins un Franciaflex en plein essor, comme ingénieur de conception » raconte Jean-Paul Clément devenu depuis, un expert reconnu de la protection solaire. Pendant cette période, Yvon Debiez, le fils de Georges Debiez est lycéen : « Je me confronte au monde du travail en faisant les saisons d'été au montage de stores. Gérard est mon "maître de stage" et trouve les mots pour me faire descendre de mon nuage afin que je me concentre à trouver une voie professionnelle. Puis il reprend TMV, entreprise de store à St Egrève. Mon père le suit dans cette aventure et avec Robert Jeanson société Storferm, storiste à Annecy, ils montent tous les 3 le G.I.E Monsieur Store en 1987. De mon œil d'étudiant, toujours saisonnier à la pose de store, je vois le formidable rassemblement de compétences des storistes des 4 coins de France, que Gérard porte avec fougue » se souvient Yvon Debiez qui travaillera ensuite 18 ans chez Mermet, avant de rejoindre Warema en 2014.

1983 : Gérard Tironneau est alors DG de Franciaflex (2ème en partant de la droite)

Un leader, un visionnaire, un grand patron !

« Gérard Tironneau était le leader des 3 fondateurs de Monsieur Store. C’est vraiment le créateur du réseau  et nous n’en serions pas là si Gérard n’avait pas eu cette idée un jour et n’avait pas su entraîner ses copains avec lui dans cette aventure. C’était un visionnaire et un exemple pour beaucoup d’entre nous, quelqu’un qui a poussé aussi certains d’entre nous à se lancer et à réussir. Nous avons tous d’excellents souvenirs avec Gérard Tironneau, c’était un personnage exceptionnel, un fort caractère, un bon vivant et un grand professionnel, un grand patron. Il été le premier à monter un réseau de storistes indépendants, il a été imité par la suite mais jamais égalé selon moi » déclare Vincent Brient, Président du Conseil d’administration de Monsieur Store.

« A l’époque le réseau était un Groupement d’Intérêt Economique (GIE), aujourd’hui nous sommes en SA coopérative mais l’état d’esprit est toujours le même : un esprit de parrainage, de soutien moral, d’explication de ce qu’était le réseau et de la manière dont cela pouvait et devait fonctionner, un esprit très participatif. Tout cela m’a beaucoup marqué et j’ai pris la présidence du réseau il y a quelques années avec ce même esprit qu’a insufflé Gérard Tironneau. Il a marqué à la fois notre réseau mais aussi la profession en créant un nouveau modèle qui a formidablement bien fonctionné, avec l’objectif de faire en sorte que les gens qui le rejoignaient puissent s’enrichir, au sens noble du terme, et ne pas être dépendants d’une structure. L’idée était vraiment le partage, il voulait tout sauf une franchise, il voulait mutualiser, le référencement, le marketing, la communication, les achats, sans jamais rien imposer par la force et c’est ce qui fait vraiment encore aujourd’hui la différence chez Monsieur Store. Ça c’est une idée Tironneau, c’était un grand patron et toutes les personnes qui l’ont côtoyé ne tarissent pas d’éloges à son sujet, sur le plaisir qu’ils ont eu à travailler avec lui » remarque Vincent Brient.

Un homme charismatique au grand coeur

De gauche à droite: Marc Gribal (Franciaflex Bretagne), Nicole Isnard (Franciaflex Aquitaine), Gérard Tironneau (DG de Franciaflex) en 1984. Photo prise par Jean-Paul Clément

« On ne peut parler de Gérard sans évoquer son sens inné des relations humaines. Ses succès chez Franciaflex comme chez Monsieur Store sont attachés à son charisme, sa simplicité  et à son énorme modestie qui a fait de lui un leader naturel, jamais contesté. On ne pouvait que le suivre dans ses projets. Et pour cela il avait ses petits trucs bien à lui, comme cette invitation des principaux acteurs de Franciaflex dans un chalet de Savoie pour un week-end de ski, par ci par là, avec Georges, Bernard, et tous les autres. Pas de protocole, chacun payait sa part, mais que de souvenirs autour du saucisson, de la tomme et de la roussette…. Et que de cohésion à la sortie, entre des hommes qui en temps normal n’avaient d’autres relations que professionnelles » raconte Jean-Paul Clément qui n’a appris que récemment ses engagements humanitaires : Gérard Tironneau était notamment cofondateur d’une association pour l’accueil des réfugiés à La Tour du Pin, la commune où il vivait.

« Le lézard est en deuil » et toute la profession du store avec lui

« Son idée aussi était de ne surtout jamais se détacher du terrain […] et c’est ainsi que Monsieur Store a certainement été le premier réseau à installer des pergolas parce que des associés et Gérard Tironneau lui-même, se sont déplacés en France et à l’étranger et ont découvert ces besoins, trouvé les fournisseurs. On voit aujourd’hui comment ce marché s’est extrêmement développé alors qu’il y a 17 ans, quand Monsieur Stores a commencé à installer des pergolas, le produit n’était pas du tout à la mode. Il avait aussi cette force, ce flair, cette capacité à savoir repérer les produits de demain. L’idée du lézard pour le logo est aussi celle des 3 fondateurs de Monsieur Store qui étaient aussi 3 copains. Ils ont marqué les esprits et nous ne nous sommes jamais départis de notre logo d’origine, ni de notre nom Monsieur Store même à une période où on le jugeait « has been ». Aujourd’hui le lézard est en deuil… » déclare Vincent Brient. 

« Ayant eu la lourde tâche de lui succéder à la présidence du groupement Monsieur Store, je peux témoigner qu’il a apporté énormément à la profession et à tous ceux qui l’ont côtoyé. Il m’a personnellement beaucoup appris et nous sommes nombreux à lui devoir beaucoup. Charismatique, visionnaire, bon vivant et avec un caractère affirmé, c’est un personnage hors du commun qui nous quitte. Triste adieu » confie Bruno Blin, ancien président de Monsieur Store. Son fils, Simon Blin, PDG de plusieurs magasins Monsieur Store lui est reconnaissant : « C’est quelqu’un qui a été très bienveillant pour le métier et qui nous a permis à tous de bien travailler aujourd’hui. Du peu que j’aie connu du personnage, Gérard Tironneau était quelqu’un de très joyeux, qui a su profiter de chaque instant et dont la joie de vivre était communicative ». Yvon Debiez, fils de Georges Debiez disparu en 2016, ajoute :  » Il m’a « réveillé » ado, puis conseillé tout au long de ma carrière, dans le métier comme en dehors. Ces dernières années, passer boire un coup de blanc et échanger avec lui était toujours aussi enrichissant. Il s’impliquait encore et encore pour les autres ! »

Jean-Paul Clément conclut : « Quand on l’appelait, Gérard répondait toujours présent. Il y a peu il m’écrivait qu’il allait faire une tentative dans une résidence adaptée, mais on sentait bien que ça ne l’emballait pas plus que ça. Sa vraie vie c’était l’action et les aventures humaines. Ton héritage, mon cher Gérard, il est dans le cœur de ceux qui t’ont côtoyé et qui ont appris à tes côtés, que les plus grands actifs des Entreprises, ce sont les hommes. Là où tu es, salue bien notre cher Storologue pour nous tous, qui vous avons tant appréciés ! »