Les premières gammes de volets oulissants sont arrivées il y à une dizaine d’années sur le marché. © Profils Systems
Les premières gammes de volets oulissants sont arrivées il y à une dizaine d’années sur le marché.
Alternative au volet roulant et battant, le volet coulissant séduit de plus en plus les concepteurs, maîtres d’ouvrage et particuliers. Protégeant de la lumière et de la chaleur, la fermeture s’affirme en façade comme élément décoratif.

Arrivé tardivement sur le marché des fermetures, le volet coulissant s’est peu à peu fait une place aux côtés des traditionnels volets battants et roulants. Il se décline en version pleine ou ajourée, en panneau isolé ou persienné et peut même être pliable. Le volet coulissant se rencontre dans l’habitat collectif, où il est surtout utilisé en loggia ou balcon, mais aussi dans le domaine de la maison individuelle moyenne et haut de gamme. Il est alors recherché pour fermer de grandes baies vitrées, voire de plus en plus des pergolas ou des vérandas. On le retrouve enfin dans les bâtiments tertiaires.

Sur les quelque six millions de fermetures vendues en France en 2022, le produit représente un marché de 100 000 pièces environ, soit 2 à 3 % du total. Une part marginale certes mais qui ne cesse de grandir depuis plusieurs années avec un taux de croissance moyen de 10 à 15 % selon les acteurs, là où le marché du volet battant reste, lui, très stable.

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© Sothoferm
Le fabricant Sothoferm proposera prochainement d’équiper ses produits d’une commande solaire

Une gestion optimisée de la lumière

Malgré un coût plus élevé, c’est un produit qui est apprécié pour son esthétique à la fois traditionnelle et moderne, sa manœuvre simple et sa capacité à moduler les apports solaires directs. « Dans le neuf comme dans l’existant, c’est une solution qui permet d’habiller facilement les façades. De nombreux maîtres d’ouvrage y ont recours, notamment dans le cadre de réhabilitions de logements sociaux pour casser le côté austère de certains bâtiments », remarque Philippe Gertz, responsable marketing et communication chez Ehret et Schenker Stores France.

Apportant une protection de jour comme de nuit, le coulissant n’a cependant pas les mêmes propriétés isolantes en hiver qu’un autre type de fermeture. À la différence d’un volet battant, il ne permet pas d’obturer à 100 % la baie car son déplacement suppose la présence d’un jeu de 15 à 20 mm entre la menuiserie et la façade. « Si c’est une fonction thermique que le client recherche, ce n’est pas vers ce type de fermeture que nous allons l’orienter. En revanche, c’est un produit qui a toute sa place vis-à-vis du confort d’été car il permet de se protéger de l’élévation de température tout en conservant, dans le cas de persiennes, une lumière naturelle suffisante », précise Pauline Viaud, chef de produits Volets de France Fermetures. Dans sa version à lames fixes ou orientables, qui le rapproche d’un esprit brise-soleil, le coulissant permet également de ventiler naturellement les pièces tout en étant fermé. Les produits à lames orientables - les lames pivotent à 45° grâce à une commande manuelle - sont à ce titre très efficaces pour moduler le passage d’air ou de lumière selon les besoins.

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© Ehret
Dans le cadre de la réhabilitation d’un ancien site militaire en quartier d’habitation, les bâtiments ont été équipés de volets coulissants pliants du fabricant Ehret.

Reconvertie en quartier d’habitation, l’ancienne caserne de Mannheim, en Allemagne, accueille deux nouveaux immeubles de logements, un bâtiment existant ainsi qu’une crèche. Les bâtiments conçus par l’architecte suisse Max Dudler se caractérisent par leur aspect monolithique et leurs lignes épurées. Les façades en briques sont recouvertes d’un enduit rose cuivré rappelant le grès utilisé lors de la construction de l’ancien site militaire. Elles sont percées de menuiseries bois de grande hauteur agrémentées pour certaines de balcons en porte-à-faux. Au RdC comme aux étages, toutes les baies sont fermées par des volets coulissants pliables en aluminium couleur cuivre, du fabricant Ehret. Un choix qui prend en compte le besoin de protection contre le vent, la pluie et le soleil. Les 502 volets se partagent entre éléments pleins pour les chambres à coucher et éléments ajourés devant les espaces de vie. Les premiers font appel au modèle Plano-SL12 en tôle pleine et lisse de Ehret. Les seconds au remplissage Matrico-SL12, dont le motif en métal déployé permet de conserver un apport de lumière naturelle dans les pièces. Composés de deux vantaux pliables, les différents coulissants sont suspendus en partie haute sous les linteaux. Ils coulissent manuellement le long de rails hauts et bas. Ils se replient dans l’embrasure des fenêtres moyennant un encombrement réduit

Aluminium, bois, PVC ou mixte

Faisant appel à un cadre et à un panneau de remplissage, la conception d’un coulissant est très proche de celle d’un volet battant. Le produit est d’ailleurs aujourd’hui principalement commercialisé par les grands acteurs du volet battant, parmi lesquels Ehret, France Fermetures, Lallemant Fermetures, Profils Systèmes, Sothoferm et Volets Thiebaut. Les fabricants ont bien souvent adapté leur process afin de mutualiser leur ligne de production pour réaliser les deux types de fermetures. Chez Profils Systèmes, « il y a pour nous beaucoup de profils communs entre coulissants, battants et même portails. On parle de la famille complète des fermetures », note Aymeric Reinert, son directeur général. Pour réaliser le cadre, les professionnels utilisent différents profilés extrudés standards, plats ou moulurés, et vont même jusqu’à proposer des solutions uniques en fonction des projets. Idem pour le remplissage qui peut être plein ou ajouré, la version pleine faisant souvent appel à des panneaux sandwichs en aluminium qui se déclinent sous de multiples formes et décors. Selon les gammes, les modèles ajourés sont constitués de lames fixes ou orientables ou de panneaux spéciaux en métal déployé, tôle ajourée, toiles techniques, etc. On trouve des systèmes en aluminium, bois, PVC et même en mixtes bois-aluminium. « L’aluminium isolé en panneau plein est particulièrement intéressant sur le plan de l’entretien. Moins cher que le coulissant persienné à lames, il permet d’avoir une meilleure attractivité en termes de prix », relève Pauline Viaud. Le volet coulissant ne comporte aucun ferrage apparent, ni penture ni paumelle. Il peut en revanche être équipé de poignées cuvettes et, suivant la demande, de verrous manuels ou de serrures hautes et basses avec clef.

« Là où un volet battant est plus limité en taille, un coulissant permet de couvrir de grandes surfaces. Il est courant de réaliser des ouvrages de 4 m de large et 3 m de haut », note Thomas Bauduin, directeur de site chez Volets Thiebaut. Le volet peut être unique ou comporter plusieurs vantaux si l’ouverture est très large. Plusieurs professionnels ont par ailleurs développé des solutions pliables qui permettent de tenir compte des contraintes de place de certaines façades. Le ou les vantaux se subdivisent ici en sous[1]vantaux articulés par des charnières, le pliage de l’ensemble se fait dans l’embrasure de la fenêtre afin de réduire l’encombrement. À noter que ces produits nécessitent une validation particulière pour leur résistance au vent lorsqu'ils sont ouverts. « Chez Sothoferm, c’est une solution qui sera rajoutée au catalogue dans les mois à venir pour répondre à la demande de nos clients », confie Emmanuel Braux, directeur commercial de l’entreprise.

Le petit immeuble R+4 du 7 passage Lathuille, à Paris 18e, a été conçu par l’Atelier d’architecture Ramdam pour le compte du bailleur social Elogie-Siemp. Il accueille six logements sociaux et un commerce au sein d’un tissu urbain dense. Le bois occupe une place prépondérante dans le projet. Dès la consultation des entreprises, les architectes ont proposé une construction en bois préfabriqué afin de s’affranchir des contraintes techniques liées à l’exiguïté de la parcelle. Le bois a permis de construire vite en limitant les nuisances pour les riverains. On retrouve le matériau dans la structure, à partir du R+1 (planchers, murs, charpente), mais aussi dans l’isolation en fibres de bois, les menuiseries en mélèze ou encore les façades. Ici, c’est un bardage en liteaux de châtaignier qui se prolonge par des volets coulissants sur-mesure. Au dernier niveau, les remplissages des fermetures se font trapézoïdaux et leur rail oblique pour suivre la pente du rampant de toiture.

Des rails pour guidage

Parce qu’il se fixe dans un mur et se déplace devant la baie, un volet coulissant doit être posé avec soin. De même que pour un autre système de fermeture, il y a des règles à respecter, comme notamment le fait de choisir les bonnes fixations qui éviteront que le volet ne descelle ou ne tombe. Pour autant, « le montage d’un système coulissant est relativement simple. La notion de jeu est en effet moins importante que pour du volet battant, qu’il faut faire rentrer dans un tableau et bien caler », souligne Thomas Bauduin. De manière générale, le volet coulissant est suspendu en partie haute et guidé le long d’un rail haut et d’un rail bas en aluminium. La pose peut nécessiter plusieurs rails, deux voire trois, pour permettre de moduler le déplacement de vantaux. Le rail haut peut être fixé au-dessus de la baie - ce qui est le cas le plus fréquent - ou intégré sous le linteau ou en sous-face de toiture. Le fabricant Ehret propose un système de guidage invisible intégré au châssis de la fenêtre. Lorsque le rail est fixé en façade, il est habillé d’un capotage en aluminium laqué, du coloris du remplissage ou du mur. Le guidage bas des panneaux coulissants est quant à lui réalisé de manière ponctuelle ou continue. Dans le premier cas, un profilé en U est placé sous le cadre du volet tandis que de petits plots fixés en façade assurent le guidage et marquent la fin de course. Dans le second, ce sont les plots qui sont vissés sous le volet et le rail sur la maçonnerie. Le guidage continu est utilisé par exemple en terrasse pour faciliter un accès de plain-pied entre l’intérieur et l’extérieur. Le rail bas est dans ce cas encastré dans le sol.

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© Volets Thiebaut
Le guidage de la menuiserie se fait ici au moyen d’un rail haut continu et, pour la partie basse, d’un profilé en U avec pièces ponctuelles sur la façade.

Parmi les évolutions en cours, la motorisation est de plus en plus mise en avant par les professionnels. « On a aujourd’hui la possibilité d’automatiser les volets coulissants avec tous les types de motorisation disponible, qu’ils soient filaire, radio ou solaire. Cela apporte un confort pour l’utilisateur, d’autant que l’on peut coupler la motorisation avec des box domotiques pour les intégrer à la maison connectée », note Philippe Gertz. Dans le cadre d’un prochain lancement, le fabricant Sothoferm mise de son côté sur le mode solaire. « Notre volonté est de continuer à travailler avec notre service R&D sur la simplicité de mise en œuvre des produits. En proposant des solutions solaires, on enlève une partie de la problématique liée aux moteurs filaires, qui tient au passage de fils dans les combles ou les murs », observe Emmanuel Braux. Faciliter l’intervention de l’installateur poseur est un axe qu’a également suivi l’industriel Profils Systèmes dans l’amélioration de sa gamme. « Nous avons sorti cette année de nouveaux profils et travaillé sur les assemblages », explique Guillaume Crouzet, responsable bureau d’études de Profils Systèmes. Tous les fabricants cherchent par ailleurs à étoffer leur offre pour rendre leurs produits plus attractifs auprès des architectes et des clients. Cela passe par le lancement de nouveaux coloris - même si les gris 7016 et 2009 et les noirs restent très ancrés sur le marché -, de nouveaux designs et de nouveaux matériaux.