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Une révision de la norme sur les dispositifs de verrouillages des issues de secours a été publiée fin 2022. Modifications, ajouts… Détails avec Frédéric Catherine, directeur technique et relations extérieures chez Dormakaba et chef de file « portes automatiques piétonnes » du Groupement Actibaie jusqu'au 3 octobre dernier.

Verrouillage des issues de secours : la nouvelle norme NF S61-937-13

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Technic’baie : Quelle est la genèse de la norme sur les dispositifs de verrouillage des issues de secours ?

Frédéric Catherine : Dans les années 1970 et 1980, il y a eu beaucoup d’accidents dus aux incendies et aux mouvements de panique, parfois à l’origine de décès. La France a donc mis en place en 1990 la norme NF S61-937, traitant de trois sujets majeurs : le compartimentage et la résistance au feu, les évacuations des issues de secours et le désenfumage - rappelons que ce sont les fumées qui tuent en premier lors d’un incendie. La fiche 14 de cette norme s’attarde spécifiquement sur le verrouillage des issues de secours.

Technic’baie : Quel rapport entre cette norme et le verrouillage des issues de secours ?

FC : Quand on souhaite faire du contrôle d’accès dans les établissements recevant du public, l’issue de secours peut être dotée d’un système de verrouillage comme une ventouse électromagnétique. Ces systèmes doivent répondre à des critères très précis en termes de performances (puissance limitée de consommation, test chaleur humide, chaleur sèche, déclenchement même sous la pression en cas de panique, etc.) afin d’être sûr du bon fonctionnement en cas d’incident ou d’alerte.

Technic’baie : Une révision de cette norme a été publiée en 2022. Pourquoi cette nouvelle version ?

FC : La NF S61-937 fête ses 33 ans cette année. Depuis, des normes européennes ont vu le jour. Il a donc fallu modifier la nôtre de manière à intégrer les notions européennes. C’est pourquoi la norme NF S61-937- 13 a été créée pour les verrous. Il faut noter que la norme de sécurité française était plus exigeante que la version européenne.

Technic’baie : Quand les modifications doivent-elles prendre effet ?

FC : Dès maintenant, mais avec une période de cohabitation de 18 mois. Il faut laisser le temps aux laboratoires de s’équiper et aux fabricants de passer les nouveaux essais. Passé ce délai, les nouveaux produits qui arrivent sur le marché devront être conformes à la nouvelle norme française. Ceux qui n'y répondent pas devront être modifiés ou remplacés et ceux qui y répondaient déjà devront uniquement repasser des essais afin d’avoir des procès-verbaux en conformité avec la réglementation.

Technic’baie : Quels sont les ajouts majeurs dans la nouvelle norme ?

FC : Il y a en premier lieu diverses notions jusque-là absentes telles que l’endurance (un minimum de 100 000 cycles pour un verrou) ou la résistance à la corrosion. Il faut également vérifier que les verrous fonctionnent en 12, 24 ou 48 volts, les deux derniers pouvant être reliés à une centrale de sécurité qui, en France, est installée en 24 ou 48 volts. Autre critère : une puissance des verrous inférieure à 3,5 watts. Cela a toujours été le cas mais malgré cela, plusieurs produits étaient testés et validés en dépassant largement les 3,5 watts. Désormais, cela est totalement interdit. Un impératif qui permet de dimensionner correctement la consommation électrique des centrales de détection incendie des bâtiments.

Pourquoi un verrou sur les issues de secours ?

Les verrous peuvent être placés sur des issues de secours afin de contrôler l’accès d’établissement recevant du public ou d’empêcher des malveillances, telles des vols dans des zones commerciales. Lors d’accident, comme un incendie, le verrou peut être ouvert soit par un déclencheur manuel (DM) placé à proximité immédiate de la porte, soit via un système Ugcis (Unité de Gestion Centralisée des Issues de Secours) qui relie le DM à un poste de surveillance. Un opérateur surveille alors les lieux en permanence afin d’ouvrir le verrou lors de l’activation du DM s’il le juge nécessaire.

Technic’baie : Y a-t-il eu un ajout de points plus spécifiques ?

FC : Des notions plus « rares » ont en effet été intégrées. Je pense notamment au surverrouillage.

Technic’baie : De quoi s’agit-il ?

FC : Pendant la période d’exploitation des ERP, c’est-à-dire quand le bâtiment est ouvert au public, les issues de secours sont verrouillées, comme nous l’avons expliqué, pour faire du contrôle d’accès. Elles doivent cependant pouvoir être ouvertes en cas d’accident et de mouvement de panique. Néanmoins, les ERP contenant des objets précieux, comme les musées, peuvent vouloir condamner totalement les issues de secours lorsque les lieux sont fermés au public afin de prendre toutes les précautions possibles contre les intrusions. Il est alors possible d’installer dans le système de verrouillage un second verrou qui, lui, bloquera les lieux de manière hermétique. Il n’est alors plus question de protection des personnes, uniquement de celle des biens.

Technic’baie : La norme concerne-t-elle tous les types d’issues de secours ?

FC : L’ancienne version ne prenait en compte que le verrouillage des portes battantes. Il y avait donc un flou pour les autres types de produits. Désormais, la NF S61-937-13 est déclinée pour les portes battantes, les coulissantes, les obstacles physiques (PNG) et celles d’autres types et autres mouvements. C’est un vrai changement, cela clarifie la situation et permet une approche adaptée des produits.

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C’est le chiffre d’affaires des petites, moyennes et grandes surfaces qui disparaît chaque année par les issues de secours. Cadenasser ces issues étant trop dangereux en cas de mouvement de panique, il est possible d’installer des verrous avec caméra ou alarme embarquées.