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La profession garde la tête haute, malgré un contexte difficile où les mauvaises nouvelles se multiplient. Tels sont les enseignements de la conférence de presse tenue début septembre par Olivier Salleron, président de la FFB, sur la conjoncture du bâtiment.

Les perspectives ne sont pas bonnes... « La Commission européenne, la Banque centrale européenne, l’Insee et tous les grands instituts anticipent un risque de récession pour l’Union européenne comme pour la France à l’horizon 2023 », a alerté Olivier Salleron, président de la FFB, lors de la présentation à la presse de la conjoncture du bâtiment qui a eu lieu début septembre. Sans compter la question de l’inflation (et donc des taux d’intérêt) « qui reste d’actualité dans un contexte de guerre énergétique dont personne ne maîtrise réellement ni le terme, ni l’issue ». Tout cela appelle à une grande prudence sur les différents scénarios. Un contexte particulièrement difficile qui met d’autant plus en lumière la force de résilience du bâtiment. Malgré la crise des matériaux et de l’énergie, le secteur résiste toujours, les carnets de commandes restent garnis et l’année 2022 semble globalement faite.

Le neuf en difficulté

En matière d’activité, la situation se révèle assez contrastée. Dans le logement neuf, le rebond lié à l’entrée en vigueur de la RE 2020 et de la réglementation du HCSF semble être derrière nous, laissant la place à une fragilisation de la filière. Et si les mises en chantier pourraient se ressaisir d’ici la fin de l’année, compte tenu de du nombre de permis en hausse (environ 14 % en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2022), ces derniers « plongeront sous l’effet de l’effondre ment des ventes de 26 % dans l’individuel diffus et de près de 15 % dans la promotion immobilière », prévient Oliver Salleron. L’état d’esprit semble plus optimiste dans le non résidentiel où, après deux années de difficultés, les surfaces commencées et autorisées s’affichent en progressions respectives de près de 18 et 7 % en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2022.

Bonne nouvelle dans une conjoncture si incertaine : l’activité en amélioration-entretien continue de croître, même si sa dynamique déçoit. La tendance ressort proche de +2 % pour l’ensemble, comme pour la rénovation énergétique. Un segment qui « progresse régulièrement depuis la sortie de la crise sanitaire », rappelle le président de la FFB, indiquant qu’en cumul depuis la fin du premier trimestre 2020, hors effet prix, l’amélioration-entretien s’affiche en hausse de 6,5 % et la rénovation énergétique du logement de 12,4 %.

Des chiffres revus à la baisse

Ces chiffres conduisent la Fédération à réévaluer ses prévisions pour 2022, avec une croissance de l’activité qui s’établirait à +3,8 % en volume, contre +4,3 % prévus début décembre 2021. Outre le blocage des permis de construire, ces chiffres revus à la baisse sont en partie dus à la problématique de l’emploi, qui peine à suivre, avec des créations de postes (80 000 postes salariés et intérimaires et 17 000 artisans non-salariés) qui plafonnent depuis la fin 2021. « Les difficultés de recrutement perdurent et se renforcent même chez les plus de 10 salariés », détaille Olivier Salleron. Autre facteur de frein : la crise des matériaux, qui s’installe sur la durée et qui est relancée par la guerre de l’énergie. Ainsi, les fermetures de chaînes de production semblent se multiplier depuis août (produits aluminium, zinc, acier, tuiles, produits verriers...) et les difficultés d’approvisionnement, les craintes de pénuries et l’impact sur les prix des matériaux réapparaissent. Selon l’index BT01 de l’Insee, sous l’effet de ces hausses, les coûts des entreprises de bâtiment ont déjà progressé de 12 % entre la fin 2020 et juin 2022. Une période sous haute tension qui pousse la Fédération à demander une meilleure coordination au sein de la filière et une meilleure concertation avec le gouvernement.