photo-1-¸Somfy-Fabien-Rambaud-2-777x437.jpg La box Yubii Home de Nice permet de converser avec l’ensemble des protections solaires et les autres automatismes de la maison
La maison intelligente trouve un écho grandissant auprès du grand public. Fabricants de menuiserie et professionnels de la domotique se saisissent de l’opportunité.

Le secteur de la protection solaire et des fermetures n’échappe pas à l’essor des solutions connectées pour l’habitat. Premiers produits à faire l’objet d’une offre connectée, volets roulants, portes de garage, portes d’entrée et portails sont aujourd’hui rejoints par les stores – via notamment les pergolas bioclimatiques -, les volets coulissants, battants ou encore les brise-soleil orientables et relevables. Exemple chez Profils Systèmes, Marquises, Solisysteme, Franciaflex ou encore France Fermetures. Sans parler des fenêtres et des baies coulissantes, dont on voit les propositions se développer dans les catalogues de fabricants tels que Atlantem, Caib, Kline, Wicona, etc.

@ Nice

Longtemps réservé à une clientèle avertie de technophiles, le marché de la Smart Home entre dans une nouvelle phase de développement grâce au déploiement de l’internet mobile, des technologies de connectivité et des applications de gestion à distance. Les acteurs ont par ailleurs levé un grand nombre de freins techniques, rendant possible l’interopérabilité des systèmes, et se tournent vers des protocoles de communication plus ouverts comme le Zigbee ou le Bluetooth. « Le connecté nous amène à développer des compétences différentes : nous avons notamment embauché un ingénieur pour travailler sur du logiciel embarqué lié à des objets communicants. Cela oblige à beaucoup d’agilité car qui sait quelle technologie de communication prendra demain le dessus sur le marché », note Frédéric Billier, responsable de la business Unit & marketing manager de Noval Home Automotion. Une attention particulière entoure cependant la mise au point du protocole Matter (voir encadré) par les Gafam. « À moyen terme, nous devrions pouvoir intégrer un seul et unique protocole qui permettra de communiquer avec la totalité des objets connectés. Nous n’en sommes aujourd’hui qu’au balbutiement. Il va certainement s’écouler deux à trois ans minimum avant que tous les fabricants intègrent ce protocole et qu’il soit compatible technologiquement parlant avec les produits de chacun. Chez Nice, nous n’allons pas abandonner notre propre protocole ; le nouveau devrait pouvoir être intégré à notre box », explique Franck Pichereau, président de Nice France.

Sur le marché, des avancées ont également eu lieu au niveau des automatismes. La technologie radio bidirectionnelle Io développée par Somfy a marqué une évolution importante en ouvrant la voie de l’interaction avec les équipements de la maison. « Avant, la domotique était utilisée « juste » pour ouvrir ou fermer une porte, un volet, etc. Aujourd’hui, il est également possible d’avoir une information sur l’état de l’équipement. Par exemple, est-ce que ma baie est ouverte, fermée ou en position intermédiaire ? », rappelle Frédéric Billier.

La commande à distance des équipements a quant à elle été améliorée. « Au début de la smart home, les équipements externes à l’habitat étaient les plus difficiles à connecter. C’était le cas du portail qui avait un souci de portée selon la distance avec la maison. Aujourd’hui, les protocoles radio sont optimisés et les câbles facilement connectables. Chez Nice, toutes les motorisations de portail produites depuis trois ans peuvent simplement et sans câblage être connectées via un micromodule. Celui-ci va converser avec la box Yubii Home sans programmation interminable ni câblage additionnel », explique Franck Pichereau.

La gestion des apports solaires fait partie des solutions développées par le fabricant domotique Delta Dore. @Delta Dore

Un marché en plein essor

La Smart Home touche aujourd’hui un public plus large, de plus en plus habitué à la manipulation d’appareils connectés. Au travers des confinements successifs, nombreux sont aussi ceux qui ont expérimenté le télétravail et mesuré l’intérêt d’un rapport plus flexible et interactif avec leur environnement. La perception de la maison intelligente évolue et devient synonyme de confort, de sécurité mais aussi d’économies d’énergie. Comme le constate Marie Canetta, responsable marketing chez Somfy France, « le marché des solutions connectées est en pleine croissance, avec une augmentation de 30 % par an. Cela se traduit à la fois en rénovation mais également en logement neuf, de plus en plus nativement connecté. Les objets connectés se multiplient et deviennent plus accessibles, la maison intelligente se démocratise ».

Les stores toile extérieurs ou les volets roulants de Warema sont pilotables via la centrale de maison connectée modulaire homee. © Warema

Profitant d’une tendance de fond autour de la maison Smart, les protections solaires connectées, de même que les fenêtres connectées, bénéficient des dernières évolutions réglementaires. « Le fait que la nouvelle réglementation RE 2020 favorise le confort d’été donne aux ouvrants et occultants une place importante dans le fonctionnement du bâtiment et dans l’atteinte des objectifs de réduction des consommations d’énergie. Dans des maisons de plus en plus isolées et dotées de grandes surfaces vitrées, l’été, le fait de fermer les volets ou les protections solaires en journée, ou d’ouvrir les fenêtres la nuit pour ventiler, permet en effet de mieux gérer les apports solaires et de limiter le recours à la climatisation », souligne Quentin d’Aboville, directeur marketing Smart Home chez Delta Dore.

Destinée au marché résidentiel et tertiaire, la motorisation de volets persiennée est une innovation signée Noval, qui peut être couplée à un système domotique. © Noval

L’amélioration du confort d’été fait aujourd’hui partie de l’offre connectée de tous les acteurs de la domotique tels que Somfy, Delta Dore, Nice, Noval, ou encore Simu. « L’interaction entre l’occupant et les protections solaires mobiles se fait à la fois en local avec des télécommandes mais aussi à distance, en allant par exemple chercher des données météorologiques pour prévoir ce qui va se passer dans la journée. Dans un scénario hiver, on va essayer d’ouvrir le plus possible les volets pour pouvoir réchauffer la maison avant de mettre en route le chauffage. L’été, à l’inverse, on va chercher à limiter les apports solaires avec toutes les protections mobiles à disposition pour éviter de mettre en route un système de climatisation éventuel », détaille Quentin d’Aboville.

Dans le cas d’une véranda, le pilotage des protections solaires et des ouvertures peut être mis à profit pour optimiser la thermique globale de l’espace tampon et de la maison. Une nouvelle application a été développée en ce sens par Profils Systèmes en partenariat avec la box TaHoma de Somfy. La gestion des apports solaires peut également cibler une pergola bioclimatique : en témoignent les différents systèmes du fabricant Marquises. «Des capteurs de luminosité indiquent aux brise-soleil orientables quand se fermer ; un anémomètre et un pluviomètre extérieurs ferment les stores lorsqu’il y a trop de vent ou qu’il se met à pleuvoir, etc.», détaille Aurélie Bender, rattachée à la direction Marquises.

Dans l’univers de la Smart Home, volet roulant, store, brise-soleil et autres occultants sont pilotés avec la même interface que l’éclairage, l’alarme, les fenêtres motorisées, le portail ou la porte de garage. L’utilisateur cherche avant tout à avoir la vision complète de sa maison. Pour les clients finaux, la principale décision d’achat d’un système connecté est de savoir ce qui se passe chez eux. Les solutions intelligentes servent dans un premier temps à cette levée de doutes : le portail est-il bien fermé, l’alarme enclenchée, etc. ? Dans un deuxième temps, c’est de savoir que tout peut être commandé au moyen d’un téléphone mobile, à 1 000 km de là, cela les rassure.

Priorité à la formation et à la facilité d’utilisation

« Face à ces innovations technologiques, les professionnels jouent un rôle déterminant. Ils sont aujourd’hui les mieux placés pour conseiller leurs clients sur les solutions les plus adaptées à leurs besoins, puis installer et maintenir leurs équipements au fil du temps. Mais si l’installateur n’est pas à l’aise dans la vente et l’utilisation de solutions connectées - méconnaissance, peur de générer des contacts en après-vente, pas d’appétence personnelle - il ne les proposera pas à ses clients », relève Marie Canetta. Il s’agit pourtant de l’un des principaux freins au déploiement massif des solutions connectées dans l’habitat. D’où la priorité donnée à l’accompagnement d’installateurs souvent débordés. Pour Marie Canetta, l’objectif est double : « D’une part leur assurer le bon niveau de formation sur les offres pour mieux porter les bénéfices auprès de leurs clients, d’autre part leur démontrer comment le connecté les aide en tant que pro : aide à la gestion de leur parc, gain de temps à l’installation et en après-vente, augmentation de la satisfaction de leurs clients, création de plus de valeur, etc. ». Du côté des fabricants de solutions connectées, l’enjeu consiste également à simplifier le plus possible l’intervention de l’installateur. « Nous cherchons à intégrer au maximum les éléments connectés en amont en travaillant avec les industriels sur de la configuration en usine de l’installation, du paramétrage de moteurs, de télécommande, etc. Du coup, l’installateur menuisier n’a plus qu’à poser sa fenêtre et donner la télécommande au client avec le mode d’emploi. Il n’aura pas besoin de compétence particulière dans son équipe d’installation et l’utilisateur sera autonome très rapidement », insiste Quentin d’Aboville. Un autre obstacle est le coût encore élevé de la Smart Home.

Le protocole Matter, qu’est-ce que c’est ?
Issu du projet Connected Home over IP (CHIP), Matter est un protocole de communisation standardisé en cours de développement. Son objectif est de faciliter l’interopérabilité de tous les appareils intelligents de la maison et de sécuriser l’écosystème connecté. Son élaboration est menée par la Connectivity Standards Alliance qui regroupe de nombreuses entreprises technologiques de par le monde.

Malgré les efforts pour généraliser les équipements autonomes, le secteur est confronté à une pénurie de matières premières et de composants électroniques qui sévit dans l’ensemble du monde industriel. À cela s’ajoute l’emballement des prix de l’énergie. « Dans le contexte actuel où il faut être vigilant sur ce que l’on consomme, on peut se demander si motoriser tout à tout prix a du sens. Malgré tout, en ayant des systèmes qui soient liés ou de la motorisation solaire, on peut arriver peut-être à ce que cela soit plus durable et viable économiquement », avance Frédéric Billier. La motorisation solaire qui se développe depuis quelques années sur le marché des volets roulants, des volets coulissants, battants ou encore des stores, offre comme autre intérêt une intégration plus facile et rapide. Un dernier frein à prendre en compte est la réticence des utilisateurs quant à la sécurité de leurs données personnelles. La cybersécurité fait l’objet d’un axe de travail de la part des fournisseurs de solutions connectées. Elle est également au programme de recherche de la Connected Standard Alliance sur le protocole Matter.