Le bâtiment entre en récession. C'est par cette constatation qu'Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, a introduit sa note de conjoncture sur l'état du Bâtiment ce 13 décembre. Il a ainsi annoncé une baisse de l’activité de 0,6 % en volume pour l’année 2023 et présenté des prévisions 2024 encore plus alarmantes.

Largement pointé du doigt, le logement neuf n’en finit plus de couler, avec un recul de 7,8 % pour seulement 286 000 mises en chantier, se rapprochant des plus bas niveaux enregistrés au début des années 1990 (à 275 000 unités). Certes, le non résidentiel résiste péniblement (+0,4 %) et l’amélioration-entretien prend 2,6 % hors effet de prix, mais cela ne relève en rien une situation très périlleuse. En témoigne l’état de l’emploi dans le bâtiment, qui passe de +20 600 en 2022 à -3 000 sur les 11 premiers mois de 2023. Une récession qui, selon les pronostics de la FFB, devrait perdurer jusqu’en 2025. Ainsi, la fédération prévoit -5,5 % en volume sur l’activité bâtiment pour 2024 (et -21,3 % dans le logement neuf), et jusqu’à -90 000 emplois.

Quant à l’amélioration-entretien, il devrait connaître un léger tassement (+1,6 %) du fait d’une montée en puissance progressive de MaPrimAdapt’, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier prochain, de la mise en place du programme EduRenov’, qui prévoit de rénover 40 000 écoles d’ici 10 ans, et d’un dispositif MaPrimeRénov très orienté rénovation globale « et qui peine à trouver son public », estime Olivier Salleron. Il rappelle ainsi que si l’objectif de MaPrimRenov semble ambitieux, avec 1,6 milliard d’euros de crédit supplémentaire alloués, « il risque de ne pas pouvoir être atteint du fait de l’obligation de changement de vecteur énergétique pour le chauffage dans le cas de l’approche par geste et d’intervention d’un tiers pour les rénovations d’ampleur. Ce ne sont pas les 2 000 MonAccompagnateurRénov’ agréés en janvier prochain pour tout le territoire qui permettront de répondre à la demande. »

Estimant qu’il est heureusement encore temps d’agir, le président de la FFB a rappelé les propositions portées par la FFB : redéployer le PTZ à 40 % sur l’Hexagone et revaloriser ses barèmes datés de 2016 ; le retour au Pinel de 2022 en attendant la mise en place du statut du bailleur privé ; rouvrir la possibilité d’une approche par geste sans changement de chauffage ; permettre aux entreprises « dûment qualifiées » de devenir MonAccompagnateurRénov afin d’améliorer le maillage du territoire.