Bruno Léger, président du SNFA. Bruno Léger, président du SNFA.
La tenue de l'assemblée générale du SNFA* a été l'occasion pour Bruno Léger, son président, de prendre la parole, évoquant les difficultés de l'année écoulée et les orientations que devra suivre le secteur.

AG du SNFA : entre rénovation et décarbonation

L’assemblée générale du SNFA s’est tenue le 23 juin dernier, à la Maison des Arts & Métiers, à Paris, réunissant plus d’une centaine d’adhérents. L’occasion pour Bruno Léger, son président, de dresser le bilan d’une année chaotique.

Car après les belles années d’avant covid et le boom de l’après-pandémie, 2022-2023 rime plutôt avec désarroi. « Partout, les courbes sont mal orientées », a affirmé Bruno Léger, citant tour à tour la chute des permis de construire (notamment dans la maison individuelle), la baisse du nombre de logements mis en chantier et la diminution des transactions dans l’ancien. En cause, d’après le président du SNFA : des raisons cycliques, une hausse des taux d’intérêt (trois fois en 18 mois) ou encore les nombreuses normes mises en vigueur, et notamment la Zéro Artificialisation Nette. « On ne peut qu’être d’accord avec la préservation de la biodiversité et des espaces naturels mais faut-il pour autant adopter la réglementation la plus contraignante du monde ? », s’est-il ainsi questionné.

Réhabiliter plutôt que construire

Regrettant les conclusions du CNR Logement et la fin du Pinel, Bruno Léger a directement ciblé le gouvernement, qui « n’aime pas la construction neuve. Je l'ai déjà dit l'année dernière, il deteste en particulier la maison neuve, modèle honni ». Posant alots la question d’où loger les Français si l’on ne fait plus de neuf, il a rappelé l’importance de la rénovation. « La réhabilitation des centres-villes, c’est du bon sens : au lieu de toujours plus d’extension des surfaces, mettons à profit le stock qui existe. » La question s’est ainsi posée de la fin du modèle du neuf, déjà vue et digérée dans d’autres régions d’Europe. Et si la crainte est de savoir si nous arriverons à réhabiliter suffisamment de logements pour la population, car « réhabiliter est plus long et plus cher », la lucidité semble induire que nous n'aurons pas vraiment le choix. « Créer des logements ou des espaces tertiaires modernes dans l’ancien est un mouvement de fond inéluctable d’autant qu’il se cumule à un autre mouvement de fond : la décarbonation des logements existants. Il faut rénover des millions d’immeubles de logements et de bureaux pour consommer moins d’énergies non renouvelables.  »

Un mouvement suivi par le gouvernement, si l’on en croit le plan présenté le 12 juin dernier, qui mise sur la rénovation des bâtiments des collectivités territoriales et de l’habitat collectif social ainsi que sur l’évolution des aides dans le parc privé. « Pour ce dernier point, tout repose sur MaPrimRénov’ », a précisé Bruno Léger, regrettant fortement que « la fenêtre soir toujours black listée », jugée par certains trop faibles en termes d’économie d’énergie. « Nous sommes repartis à la manœuvre auprès de l’Ademe pour essayer de changer cette vieille antienne. »

L'indispensable décarbonation

Fier du modèle français en termes de décarbonation, comparé à certains de nos voisins européens comme l’Espagne, le président du SNFA a tenu à rappeler que si la RE 2020, la REP PMCB et la ZAN imposent de nombreuses contraintes, c’est aujourd’hui une nécessité. « Avons-nous le choix ? […] Il n’y a pas un seul pays d’Europe où l’on parle autant de carbone, en même temps qu’on met en place une REP. Le bâtiment français s’est attaqué à la décarbonation comme aucun pays au monde : cela mériterait vraiment plus de communication, plus de fierté partagée. »

Rénovation, économie d’énergie et décarbonation dans un monde bouleversé par la récente crise du prix des matériaux et de la guerre en Ukraine… Une seule certitude persiste semble-t-il : « La mutation structurelle due à la fin du modèle du neuf va demander à tous les acteurs […] une adaptation profonde. » Techniques et savoir-faire différents, process innovants, nouveaux matériaux, les changements seront nombreux. Bruno Léger a ainsi pris l’exemple de l’aluminium, qui restera pour lui au premier plan (avec le bois) mais qui devra être « décarboné, à défaut d’être biosourcé ».

Avant de conclure sur la cohésion de l’équipe du SNFA et d’évoquer sa dernière année comme président de l’organisation, Bruno léger a évoqué les « deux dossiers du moment ». D’abord, la réalisation de la FDES façade, pour laquelle ils ont dû intégrer une nouvelle méthode de travail imposée par le vérificateur.

Ensuite la mise en place de la REP (le SNFA est administrateur de Valobat, éco-organisme agréé) avec le travail, effectué avec l’UFME et le Groupement Actibaie, sur le tarif unique. « Le dossier très sensible va être celui des tarifs à venir », a ainsi précisé Bruno Léger. « Les tarifs 2023, pour nos produits [...] sont aussi très bas [...] car calculés sur la base d’un pourcentage très faible du gisement récupéré. Ce pourcentage a été fixé par le cahier des charges du gouvernement, et augmenté par nous à 10 %. [...] En 2024, une haute marche doit être franchie, les charges transverses et opérationnelles de Valobat et des notions de solidarité entre matériaux ainsi que de soutenabilité des écocontributions entrent en ligne de compte. »

* Organisation professionnelle représentative des concepteurs, fabricants et installateurs spécialisés dans les menuiseries extérieures en profilés aluminium.

Des tables rondes marché, emploi et économie circulaire

Trois tables rondes ont été organisées lors de l’assemblée générale du SNFA.

  • - L’une sur l’identification des métiers de la menuiserie aluminium dans le référentiel national de Pôle emploi, avec Catherine Beauvois, directrice du projet Compétences 4.0 à la direction générale de Pôle emploi, et Diane Boulmier, responsable communication & métiers du SNFA. Le SNFA et Pôle emploi se sont engagés dans une collaboration durable pour créer des fiches emplois dédiées aux spécificités des métiers de la menuiserie aluminium (menuisier fabricant aluminium et poseur menuiserie extérieure entre autres).
  • - La deuxième table ronde portait sur l’économie circulaire au service de la filière aluminium du bâtiment, avec Florence Collot, directrice des Relations adhérents de Valobat, Sébastien Flichy, directeur des Opérations Valobat, et Sandra Bertin, déléguée générale du SNFA. Le SNFA et Valobat travaillent à la mise en place et au suivi spécifique des actions autour de la menuiserie aluminium (points de collecte, de tri et de recyclage, cahiers des charges de la reprise et les partenaires contractants, prix de la reprise des produits en profilés aluminium…)
  • - La troisième et dernière table ronde portait sur les marchés de la menuiserie aluminium et sur les feuilles de route 2023-2024, avec les présidents de chaque section du SNFA : Aymeric Reinert représentant des concepteurs gammistes, Dominique Lamballe représentant des fenêtres et portes, Dominique Thomasson représentant des fenêtres et des façades, Cyril Mérand pour la partie fournisseurs et consultants associés, Benoît Schemel pour les professionnels de la véranda et pergola, Jean-Luc Genin pour les garde-corps et Sylvain Charretier pour les cloisons démontables et mobiles.