Retour sur l’état des lieux trimestriel d’Olivier Salleron, président de la FFB, sur la santé du bâtiment. Avec un enseignement principal : les temps restent durs.

La crise du logement, lourde de conséquences

La crise du logement neuf dure et perdure. En glissement annuel sur cinq mois, la FFB indique que l’effondrement des permis de construire atteint désormais les 30 % et la chute des mises en chantier -17,2 %. Une crise qui gagne du terrain sur l’ensemble du territoire et qui résulte, pour Olivier Salleron, président de la FFB, « d’un redoutable effet de ciseau entre durcissement du marché du crédit et forte hausse des coûts du foncier comme de la construction, notamment sous l’effet de dispositions réglementaires et normatives. »

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Par ailleurs, une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, le non-résidentiel neuf connaît un début d’année moins favorable que prévu avec un recul des surfaces commencées de -13,4 % sur 12 mois à la fin mai 2023.

Enfin, l’amélioration-entretien ralentit, s’affichant à +1 % à prix constant en glissement annuel. Même augmentation pour la rénovation énergétique (+1,1 %). Et si les perspectives estivales semblent moins mauvaises, il n’y a nulle embellit à l’horizon. « L’instabilité des dispositions de soutien - MaPrimRénov’, CEE, crédit d’impôt pour la rénovation des locaux des TPE-PME - n’a pas aidé », estime Olivier Salleron.

Une conjoncture qui impacte l’emploi, pour lequel on ne constate plus qu’une petite progression (4 400 postes entre 2022 et 2023) et un tassement des perspectives, voire une dégradation chez les artisans. « De plus, les intentions d’embauches à l’horizon de l’été continuaient de fléchir pour les entreprises de plus de 10 salariés et basculaient en territoire négatif pour les artisans », précise Olivier Salleron.

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Des demandes toujours d’actualité

Co-signataire d’un communiqué* en réaction aux annonces gouvernementales du 5 juin dernier dans le cadre du CNR volet Logement, la FFB, par la voix de son président, parle de « ʺraison de la colèreʺ pour la filière. Elles viennent amplifier la crise de notre scénario 2025 ʺsi rien n’est faitʺ ». Dans le viseur notamment : la suppression du PTZ et du Pinel sans alternative et le manque de soutien aux travaux de rénovation énergétique.

« La crise semble inévitable, mais nous pouvons encore en limiter l’amplitude et la durée », a affirmé Olivier Salleron, précisant que les demandes de la FFB restaient d’actualité. La Fédération demande ainsi :

- Un assouplissement des règles du HCSF** en matière de crédit immobilier et la prise en compte du reste à vivre.

- Le rétablissement du PTZ neuf dans son format de 2017, à 40 % partout, et la révision de ses barèmes et leur indexation.

- La mise en place d’un crédit d’impôt RE2020 sur les intérêts d’emprunt.

- Le redéploiement d'un dispositif « au moins aussi puissant que le Pinel 2022 », dans l’attente de la mise en place du statut du bailleur privé.

- Le renouvellement d’une aide aux maires bâtisseurs et un réel assouplissement du ZAN.

Concernant la rénovation, le FFB demande :

- La majoration du budget de MaPrimeRénov’ à un milliard d’euros chaque année pendant cinq ans afin d’assurer le déploiement de la rénovation globale.

- La création d’un dossier unique de demande pour MaPrimeRénov’ et les CEE.

- La pérennisation du crédit d’impôt en faveur de la rénovation énergétique des locaux des TPE et PME.

- Le démarrage rapide du plan EduRénov et la préparation à la mise en œuvre de MaPrimeAdapt.

« Bien sûr, tout cela coûte. Toutefois […], le logement s’avère un contributeur très positif aux finances de la Nation, à hauteur de plus de 50 milliards de prélèvements nets des aides selon le Compte du logement en 2021 et sans doute aussi en 2022. Il n’est pas irresponsable d’accepter un chiffre un peu moins élevé en phase de crise du secteur », conclut Olivier Salleron.

* La FNAIM, le pôle habitat FFB, la FPI, Procivis, Unis et l'Unsfa

** Haut Conseil de stabilité financière